Le cloud est arrivé : Le nom se transforme en verbe.

L’émergence du

cloud

Les Grecs de l’Antiquité avaient un mot pour désigner le moment opportun pour agir : le kairos. Le temps est le grand égaliseur : nous commençons tous avec la même mise de départ, mais chacun en fait un usage différent. Au cours des vingt dernières années, nous avons vu des entreprises réussir ou échouer en fonction de leur capacité à s’adapter à la nouveauté, notamment en matière de mise sur le marché et de rapidité avec laquelle elles réagissent à la demande.

La gratification immédiate et la facilité d’accès ont encouragé de nouvelles initiatives qui ont permis à des sociétés naissantes d’acquérir une valeur considérable sur le marché. À mesure que les consommateurs sont devenus plus confiants envers internet, de nouveaux services en ligne ont vu le jour dans le monde entier. La rapidité et la réactivité sont devenues la norme. Les entreprises n’ont plus besoin de dépendre des clients locaux, ce qui a ancré dans le lexique l’expression « abolition de la distance ».

« Au bon endroit, au bon moment… » Dans la même tempête, mais pas sur le même navire ?

Si le timing est un élément fondamental, il est encore plus important de se positionner au bon endroit et au bon moment, afin de mettre à profit le moment opportun. Savoir quand passer à l’action pour une nouvelle technologie repose sur un équilibre délicat entre pragmatisme et agressivité.

Au fil des années, nombreux sont ceux qui ont tenté de définir ce moment précis à l’aide de termes trop familiers : « points de basculement », « gouffres à franchir » ou encore « pentes d’illumination » pour tenter de définir le moment où un nouveau paradigme est accepté par le grand public.

« Être » ou « faire »

Je voudrais proposer un moyen encore plus direct pour identifier le moment clé. Après avoir observé le flux des vagues technologiques, je pense que ce moment précis se produit lorsque la technologie passe du statut de substantif à celui de verbe. Plus explicitement, il s’agit du moment où on arrête de se concentrer sur ce qu’une chose « est » pour se focaliser sur ce qu’elle « fait ». Les vendeurs ont tendance à se concentrer sur ce « qu’est » une technologie, autrement dit, sur les attributs du produit. Or, les clients achètent le verbe (ce que fait le produit) et non pas le nom (ce qu’il est). Lorsque les entreprises parlent avec leurs clients le même langage, on réalise un pas vers l’adoption du produit.

Les sociétés sont confrontées aux incertitudes du marché actuel et peinent à engager pleinement leurs consommateurs et leur clientèle. Comme dans toutes les grandes crises économiques et sociales, il est clair que certaines entreprises survivront et que d’autres feront faillite. Les premières indications montrent que les entreprises proposant des solutions virtuelles basées sur le cloud peuvent continuer à fournir des produits et des services alors que d’autres ne le font pas. Ces entreprises ont saisi le moment opportun pour fournir les services les plus demandés. Elles seront récompensées par de futures opportunités d’affaires et par une bonne réputation de la marque, grâce a leur disponibilité et a leur réactivité dans les moments les moins sûrs.

Fonctions de forçage

Subitement, en 2020, nous avons assisté à un forçage massif des entreprises mondiales. Les fournisseurs, qui avaient passé des années à définir des solutions pour le nuage selon une seule perspective, ont rapidement compris que ce que le cloud « faisait » était bien plus pertinent que ce qu’il « était ». Les organisations informatiques du monde entier et leurs partenaires commerciaux ont dû rapidement relever le défi suivant : passer d’urgence de la théorie à la pratique en quelques semaines, c’est-à-dire, du substantif au verbe.

Dans le domaine des centres de contact ,75 à 80 % des dix-huit millions d’agents dans le monde se sont soudainement mis à travailler depuis leur domicile, soutenus totalement ou partiellement par un modèle en nuage, et cela peut-être pour longtemps. Les entreprises ont pu constater concrètement les avantages immédiats d’un modèle d’exploitation en cloud, au lieu de tenter d’évaluer une solution à partir de fiches techniques ou d’avantages génériques tels que « réduction du coût total de possession » ou « d’agilité d’affaires ».

Inévitablement, de nouvelles technologies pouvant historiquement être décrites en termes d’« être » verront le jour. Toujours est-il que si les événements récents laissent entrevoir de nouveaux paradigmes, le verbe prendra une place d’importance à l’avenir dans les centres de contact mondiaux.